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Terre Arverne
30 mars 2008

Les pierres témoins du passé

Il y a seulement une cinquantaine d'année, au cours des longues veillées d'hiver, au coin de l'âtre, les vieux nous contaient que, jadis, dans nos montagnes, il y avait des géants.

Des êtres gigantesques dotés d'une force surhumaine, accomplissant des exploit hors du commun, faire des enjambées de sept lieues, arracher des fayards ou des chênes, barrer des rivières ou transporter d'énormes pierres qu'ils fichaient en terre ou déposaient dans les champs. Ce serait eux qui auraient érigé tous les menhirs et les dolmens que l'on trouve encore un peu partout dans nos campagnes.

Grâce à nos méthodes modernes de datation, nous savons auourd'hui que ces monuments mégalithiques furent dressés bien avant l'arrivée des Celtes sur notre sol.

C'est à la fin de l'âge du bronze, aux alentours de 1200 ans avant notre ère, que ceux-ci, chassés du Harz leur domaine primitif par des changements climatiques, arrivèrent au pays arverne.

Ils n'en furent pas les premiers occupants. Ils y trouvèrent une multitude de petites tribus composés d'hommes libres, certainement venus d'Europe de nord et dont nous ne savons pas grand chose, si ce n'est qu'ils appartenaient aux peuples de la pierre.

La mythologie grecque nous révèle qu'au commencement des temps, le ciel et la terre engendrèrent les titans, des géants d'une puissance extraordinaire, d'où naquirent tous les dieux dispensateurs du savoir et fondateurs de toutes les civilisations notamment celle de l'époque néolithique à qui nous devons les premières domestications d'animaux et la culture des premières céréales. C'est également de cette époque que datent le tracement de la plupart des chemins de nos campagnes, le captage de nos meilleures sources et l'érection de presque tous les monuments mégalithiques.

Nous savons qu'il a toujours existé un rapport étroit entre la pierre et l'homme. A l'âge de la pierre taillée, il vivait dans des cavernes et c'est avec des pierres qu'il marquait déjà son territoire et avec des pierres dressées en alignement, qu'il délimitait les enceintes sacrées.

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Les pierres semblaient indestructibles, éternelles. Pour les anciens, la pierre avait le pouvoir de concentrer en elle et d'irradier ensuite dans des conditions bien déterminées, les vertus bénéfiques de certaines énergies qu'elles soient d'origine tellurique ou cosmique. On lui connaissait aussi des valeurs de mémorisation dans la mesure où on pensait qu'elle pouvait se charger de faits particulièrement marquants dont elle avait été le témoin et en perpétuer le souvenir. Certaines roches monolithiques, plantées aux endroits adéquats, pouvaient être à  la manière des aiguilles que les acupuncteurs chinois utilisaient déjà à la même époque, des facteurs d'équilibre capables de neutraliser certains courants perturbateurs et de favoriser le développement de l'agriculture naissante.

Kar semble avoir été le terme le plus ancien pour désigner la pierre. Selon les régions, on prononçait : Car - Gar - Guer ou Ker comme en Bretagne et Caïrn en Irlande. C'est de là que viennent non seulement carrier (ceux qui exploitent la pierre mais Karnac, Carcassonne et Gergovie du vieux celte Guergobia, ainsi que Gargantua (celui de la pierre géante) immortalisé par Rabelais.

Les Gargans étaient les lieux sacrés des ligures. Ils furent christianisés et mis sous la protection de Saint Gorgon ou de Saint Georges comme en Auvergne, à Compains, Gelles, Nébouzat, Fonfreyde ou Tour sur Meymont.

Hermès le messager que les Grecs appelaient le messager de la bonne nouvelle, qui favorisait les échanges entre le ciel et la terre. Le Dieu de la pierre et de tous les amoncellements de rochers, des caïrns et de tous les tumulus que les Celtes élevaient au-dessus de leurs sépultures, ce qui faisait de lui le conducteur des morts qu'il accompagnait jusqu'au séjour infernal.

Les routes terrestres des hommes étaient depuis l'époque néolithique, bordées de pierres dressées par les Hyperboréens, des Hermaï, à qui nous avons donné le nom breton de Menhir mais qui sont en réalité des statues d'Hermès destinées à protéger les voyageurs et à signaler les passages et les carrefours importants.

Les Grecs qui l'adoptèrent firent de lui le messager des dieux, fils de Zeus et de Maïa, le protecteur du commerce et des voleurs, l'inventeur de la lyre dont il fit présent à Apollon, en échange du caducée, symbole privilégié de l'équilibre des courants cosmiques responsables de la santé et de la paix.

A Rome, il devint le dieu Mercure, le messager, l'executeur des volontés de Jupiter, l'agent de liaison entre le ciel et la terre. Dans toutes les provinces occupées par les Romains, les temples consacrés à Hermès, celui du Mont Dumias en Arvernie vont devenir des temples de Mercure et nombreux sont les lieux qui portent encore les noms de Mercoeur, Mercurol, Mercuret et de Mercoire.

Il est intéressant de noter que de la cime du Mont Dumias, le soleil, le jour des équinoxes, se lève à l'est exactement au-dessus de l'Hermitage et se couche à l'Ouest, exactement au-dessus d'Herment, on trouve la pierre plantée de Saint-Germain.

Ce Saint-Germain, près d'Herment, se trouve à  vol d'oiseaux, à égale distance des localités de Saint-Germain-des-Fossés et de Saint-Germain-l'Herm, séparées par la même distance l'une de l'autre, ce qui forme dans l'espace un triangle équilatéral. Les trois sommets de ce triangle sont évidemment situés sur le cercle imaginaire qui servait de frontière à la terre sacrée des arvernes ce qui signifie que par rapport à Herment, les deux autres localités, constituaient les deux piliers de la Porte du soleil, levant des anciens.

C'est entre eux qu'à l'horizon le soleil se lève entre le solstice d'hiver et le solstice d'été et qu'il est donc possible, de cet observatoire, de déterminer à l'avance les jours favorables et propices pour certains travaux et les rassemblements religieux.

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Quand au voyageur qui franchissait jadis un des cols par lesquels on accédait à la terre sacrée des Arvernes, il devait obligatoirement marcher sur certaines pierres qui avaient été consacrées pour devenir les gardiennes de ce territoire et passer devant un caïrn significatif afin qu'il ne puisse ignorer que s'étendait devant lui le sanctuaire mythique dont les anciens avaient conservé la mémoire.

Les vestiges de ce lointain passé abondent, malheureusement, nous ne savons plus les voir. Bien plus, par ignorance, on a procédé au cours des siècles et surtout depuis le Moyen Age, à une destruction systématique des indices qui permettaient de les identifier. On supprime encore journellement pour construire des routes ou urbaniser des terrains, des éboulis de rochers, qui furent d'anciens lieux de culte, des tumulus, des bois qui furent sacrés et de vieux chemins gaulois.

Qui sait encore par exemple que tels vieux chemin abandonné, pavé d'énormes pierres bleues et bordé de blocs cyclopéens, recouverts de mousse, est un antique chemin de Dail ? Le Dail était l'assemblée annuelle des druides de la région qui se déroulait aux fêtes de Samain, le jour de l'An Gaulois.

Qui sait que la fameuse roche branlante d'Orcival, en équilibre au bord du vide, qui mesure 6 mètres de long et 4 mètres de haut et dont le poids est évalué entre 80 et 100 tonnes, et qu'on peut faire bouger d'une simple pression de la main est en réalité un remarquable instrument astronomique qui indique encore le midi juste ?

Et parmi ceux qui visitent de nos jours les Grottes de Jonas, entièrement creusées de main d'homm, avec leurs sept étages de salles reliées entre-elles par un escalier en spirale et s'ouvrant par ses 57 ouvertures au soleil levant, qui s'imagine qu'il s'agit d'un centre initiatique druidique ?

Qui peut encore se douter que l'impressonnant chaos de Flory dans les Gorges de l'Auzon était un sanctuaire néolithique ?

Les géants ont depuis longtemps disparu, vaincus, dit-on par les dieux qui les reléguèrent dans une île de l'océan...Mais à travers les vestiges de leurs principales réalisations, leur mémoire demeure.

Et sur leurs sanctuaires que tout au long de l'histoire humaine, se sont perpétués des pèlerinages et des voyages initiatiques comme ceux que pratiquaient encore nos ancêtres les Gaulois, héritiers en leur temps de ce savoir aujourd'hui perdu.

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  • Autrefois, les anciens, dans chaque famille, transmettaient à leurs petits enfants ce que leurs grands-pères leur avaient appris. C’est ce savoir des vieux du pays des arvernes que nous transmet ce blog.
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